Les contes de fées et les nouvelles de Madame d'Aulnoy, 1690-1698 l'imaginaire féminin à rebours de la tradition
En publiant en 1690 son premier conte de fées littéraire, Marie Catherine le Jumel de Barneville, baronne d'Aulnoy, fait accéder à la littérature un jeu de salon dont toute la cour raffole. D'autre auteurs, féminins pour la plupart, lui emboîtent le pas: la mode des contes de fées déferle sur le XVIIIe siècle, avant de sombrer dans l'oubli. Objets de prédilection pour l'analyse de l'évolution du genre romanesque, ces contes sont aujourd'hui redécouverts. Relus dans leur encadrement d'origine, les nouvelles qui les accompagnaient, ils offrent au lecteur moderne un tableau idéalisé de l'aristocratie désœuvrée du Grand Siècle finissant. Le statut marginal du genre merveilleux a permis à Madame d'Aulnoy de secouer prudemment les valeurs et les normes d'une société en crise. Fenêtres ouvertes sur l'imaginaire féminin d'une époque, ses oeuvres badines et alertes jouent de manière ambiguë avec la tradition littéraire. Habile en l'art de satisfaire ingénument quelques fantasmes subversifs, la conteuse nouvelliste s'abrite sous le prestigieux manteau d'une mythologie qu'elle malmène et détourne. Ainsi s'inscrit-elle résolument du côté des novateurs dans le grand débat opposant partisans des Anciens et défenseurs des Modernes.