Le Cavalier et son ombre
Dans une petite ville, un voyageur solitaire attend une embarcation : quelque part au-delà du fleuve, Khadidja, celle qu'il a aimée autrefois, lutte sans doute contre la mort. Pendant trois journées d'attente, l’homme chemine dans sa propre mémoire : sa rencontre avec la jeune femme dans cette lointaine ville européenne, leur vie commune au pays, la déchéance et les humiliations. Où trouver, dans les décombres du passé, « quelque chose qui ressemble à un commencement » ? Peut-être dans cet étrange contrat accepté par Khadidja, à bout de misère : s’asseoir chaque jour devant une porte ouverte sur l’obscur, et parler à un être invisible... Imaginer sans relâche de nouvelles fables, et l’identité de leur destinataire : jusqu’à sombrer dans la folie et disparaître. Le Cavalier est son ombre est tissé des récits de Khadidja et du narrateur, tantôt réalistes tantôt hallucinés, toujours porteurs du malheur d’un continent étranglé par tant de désastres. Pourtant, au milieu des flammes de la guerre civile, alors que les troupes étrangères reviennent prendre possession du pays, la quête du salut demeure, symbolisée par cet enfant mythique revenant de conte en conte, qui « n’a eu le temps ni de vivre ni de mourir ». Roman lyrique et grave, Le Cavalier est son ombre dit superbement la déchirure de l’écrivain africain, qui ne sait si ses textes s’adressent à l’abîme ou à des êtres de chair et de sang. Le Cavalier et son ombre (paru chez Stock en 1997) est le quatrième roman de Boubacar Boris Diop. Des blogs en parlent : Les mots de Pascale, In libro veritas, Vita Nova.