Poussière d'homme
« Ce dimanche 3 avril, au soir, tes jours d’homme m’ont filé entre les doigts. Au presque commencement de ma vie, je t’ai perdu, toi avec qui je voulais la finir. Nous avions oublié d’être mortels, le temps nous a rattrapés... La voix blanche et la colère noire, j’ai eu beau t’appeler, tu étais déjà parti, loin. Ta vie, minuscule tourbillon de quelques lunes et soleils, cessait là de tournoyer, sur le rivage carrelé, blanc et glacé, d’un hôpital. Je fais le rêve que l’on nous redonne quelques heures, une poignée d’heures d’une toute petite nuit, ravies entre le tomber d’un jour et le lever d’un autre. Ce ne sera qu’un tout petit moment, le temps de refermer les portes de notre vie ensemble, de nous serrer une dernière fois l’un contre l’autre avant que nos corps volent en éclats. Une minuscule escale pour rattraper ce temps échappé, arraché, et te dire l’après-toi, le sans-toi, la béance à chaque seconde de mes jours, la douloureuse colère depuis ta vie suspendue, l’amour de toi qui me cogne au-dedans ».