Le tournant théologique de la phénoménologie française
Le tournant théologique de la phénoménologie française
Un hasard malicieux a fait paraître Totalité et infini en 1961, l'année de la mort de Merleau-Ponty. On se rend maintenant compte que le livre de Lévinas était le signe avant-coureur d'un tournant de la phénoménologie française. Alors que la compréhension de l'être-au-monde chez Sartre et Merleau-Ponty excluait tout recours à une transcendance de type idéaliste ou métaphysique, une orientation toute différente s'est peu à peu affirmée. Se tournant vers " l'inapparent ", la phénoménologie s'est mise en quête d'une manifestation originaire ou de la révélation de l'Autre comme tel, jusqu'à se faire la servante d'un discours plus ou moins explicitement théologique. Le présent essai entend mettre en question les présupposés méthodologiques de ce tournant. A quel prix cette mutation s'est-elle opérée ? Quels en sont les enjeux et les limites ? Une pensée attentive à toutes les facettes de la phénoménologie ne réserve-t-elle pas d'autres possibles ? Faisant suite au vif débat qu'a suscité la première édition de ce livre, Dominique Janicaud a publié dans la même collection : La phénoménologie éclatée (1998).