African historians and globalization
Le thème central du 3e congrès de l'Association des historiens africains tenu à Bamako du 10 au 14 septembre 2001 offrait le double avantage d'englober la plupart des domaines de recherches historiques et d'ouvrir sur les débats d'actualité qui engagent l'avenir. Dans un monde plus que jamais unifié, notamment par le marché, et marqué également par le paradoxe apparent de la marginalisation et des exclusions, les historiens se devaient d'apporter leur contribution à la compréhension de la mondialisation, concept relativement récent qui recouvre des réalités résultant d'un processus historique de longue portée. Les contributions présentées au congrès de Bamako, ouvert aux historiens de toutes origines, s'articulent, au-delà de leur grande diversité, autour de quelques grandes préoccupations. Elles tentent d'abord d'établir un bilan critique de l'historiographie africaine de ces dernières années, suscitant ainsi le débat sur l'exercice du métier d'historien, et son " utilité " éventuelle. Quelle histoire ? Pour quel public ? Et pour quoi faire ? De la réponse à ces questions dépend en partie la pertinence de nos approches de la mondialisation. La plupart des approches présentées dans l'ouvrage s'attachent à mettre en lumière le caractère récurrent et dynamique de la mondialisation qui change de forme selon les différents " temps " que sont les séquences historiques marquées au cours de la période dite " moderne " par la traite atlantique, la colonisation ou plus récemment, la vague de néolibéralisme. Toutes ces séquences ont lourdement pesé sur le destin de l'Afrique. En faisant le constat, les analyses n'occultent nullement la question de la " responsabilité " des Africains dans ces évolutions. Les contributions ouvrent enfin sur les perspectives africaines de la mondialisation actuelle. Les enjeux, le défi de la réalisation effective de l'unité africaine, les perspectives ouvertes à cet effet par la création récente de l'Union africaine et la contribution possible des sciences sociales au renforcement d'une conscience historique africaine en faveur de cette intégration sont autant de thèmes abordés que de chantiers ouverts.