Les sextants de Pékin
Les touristes qui visitent la Cité interdite à Pékin sont souvent surpris d'y trouver un observatoire équipé de sextants, de théodolites, de sphères armillaires et d'autres instruments de l'ancienne astronomie occidentale. Malgré leur facture indéniablement chinoise, ces instruments de bronze ont en effet été exécutés sous la supervision d'un jésuite flamand, à la demande d'un empereur Qing qui espérait trouver dans la science occidentale un appui à son pouvoir. Les sextants de Pékin témoignent ainsi de l'intérêt et de la curiosité que les Chinois ont pu manifester à l'égard d'une culture pourtant bien éloignée de la leur, et ce, il y a déjà plus de trois cents ans, à une époque où l'Occident ne montrait pas tant d'ouverture d'esprit. C'est au mythe d'une Chine monolithique, refermée sur elle-même, immobile et figée dans sa grandeur antique, que s'attaque ici Joanna Waley-Cohen. Cette idée reçue ne résiste pas à l'analyse. Toute l'histoire de l'Empire du milieu montre au contraire que les Chinois ont toujours accueilli avec intérêt les produits, les techniques, les idées, et même les religions des autres cultures, dans la mesure où l'on ne tentait pas de les leur imposer par la force. En s'appuyant sur les résultats les plus récents de la recherche historique, l'auteur montre les relations fructueuses que les Chinois ont su entretenir avec leurs voisins asiatiques et avec les Occidentaux, depuis les temps anciens de la Route de la soie jusqu'à nos jours.