À ce soir
" Au moment de prendre le bain, j'ai enlevé ma montre, une montre offerte par l'homme que j'aime et où l'artiste a inscrit sur le cadran, en demi-cercle, À ce soir. J'ai constaté que le cadran était totalement embué. On dit que la peur crée des sécrétions toxiques. À ce soir était comme effacé. La date, elle, était bien visible. Treize juillet. Dix-sept ans après la mort de Rémi. Le texte qui suit s'est imposé à moi juste après. Il a surgi de la nuit. " Soupçonné d'un complot contre le chef de l'État français, celui que l'on surnomme " le Prince " et dont il fut pourtant l'ami et le confident, le célèbre professeur Mariani, spécialiste de l'Antiquité romaine mais aussi homme de lettres et de femmes, menacé d'arrestation, n'a d'autre choix que la fuite et l'exil. Après trente ans d'absence, son village natal du sud de l'Italie accueille avec chaleur et ironie le retour de l'enfant prodigue. Soudain replongé dans le décor d'une jeunesse passionnée, en quête de l'obsédant souvenir de Laura autrefois aimée d'un amour furieux, Mariani est cependant confronté au fascinant journal d'un scribe gaulois qui accompagna les légions de César. À l'abri, croit-il, des persécutions, Mariani traduit fiévreusement les récits du scribe. Sous la pointe du calame, l'Antiquité déploie ses fastes cruels ; flamboyant et énigmatique, l'imperator, méprisant les signes, ne craint pas les ides de mars. Mais à la nuit tombée, les sicaires du Prince sont embusqués ; déjà dans les rues du village rôdent les chasseurs de manuscrits. Mariani ne voit rien. Il attend Laura...