Le cosmonaute
Quand Hector a rencontré Pimprenelle, elle était « la femme la plus légère de la création, une fille irrésistible et seule ». Célibataire endurci, drageur compulsif, pilier de comptoir, piéton de Paris aux activités souvent floues, tantôt détective, tantôt pigiste travaillant la nuit pour la presse « people », Hector accepte de changer de vie par amour. Comme dans un conte moderne, ils emménagent ensemble, ils ne cessent plus de faire l'amour, ils ont un enfant, Oscar. Mais c'est une autre femme, une Pimprenelle maniaque jusqu'à l'obsession, une psychopathe du rangement et de l'autorité qu'Hector retrouve, telle une Gorgone, en face de lui. « C'est risible à dire, j'ai honte de sombrer là-dedans, mais elle m'a trahi ». Au-delà de la querelle de couple, de l'affrontement sur le ring du quotidien, ce qui retient le lecteur, dans le roman le plus maîtrisé de Philippe Jaenada, c'est ce comique désespéré, cet humour sombre, nerveux, fantasque, tout en digressions, en incises. On assistera à un accouchement « en direct » où le père dépassé, prend l'apparence de Hugh Grant ; à la course d'un cheval aveugle qui galope pour trouver une mort certaine ; à la déchéance d'un homme, qui fut libre autrefois, et n'a plus pour compagnie que les conversations des anonymes, des bouts de phrases, des solitudes qui se mêlent à la sienne. Il lui reste la fuite, « comme un cosmonaute, avec l'espace infini autour »...