La p_cheuse d'Šmes

La p_cheuse d'Šmes

Apr�s une longue absence, ZŽsim Jadewski revenait dans son pays. Jusqu'alors il avait ŽtŽ garnison ˆ Moscou, ˆ PŽtersbourg, et m�me pendant quelque temps dans le Caucase. A peine eut-il foulŽ avec son rŽgiment le sol sacrŽ de l'antique Kiew, l'ancienne ville des czars, qu'il demanda un congŽ; et maintenant il se rendait en toute h‰te chez sa m�re, qui possŽdait un domaine dans le voisinage. Le soleil avait presque disparu derri�re la for�t lointaine. Il n'y avait plus que les cimes des arbres o� flott‰t encore lŽg�re teinte rouge. Plaines, collines, bois, hameaux, ch‰teaux s'apercevaient maintenant ˆ travers le voile gris transparent du crŽpuscule du soir. Les b�tes fauves regagnaient leurs tani�res, et dans les broussailles qui bordaient les p‰turages se montraient des flammes errantes, feux follets ou yeux brillants de quelque loup, en qu�te d'une proie. Dans leur course rapide, ils franchirent un marais, pass�rent sur un pont en ruine, travers�rent un petit bois de h�tres, et arriv�rent enfin au village de Koniatyn. De tous les c™tŽs s'Žlevait une fumŽe bleu‰tre: ici elle sortait d'une cheminŽe de pierre; lˆ elle se frayait un passage ˆ travers un toit de chaume noirci. Une vapeur lŽg�re flottait autour des cabanes basses; elle s'Žlevait des haies et des vergers. Par les portes ouvertes on voyait la lueur rouge des ‰tres; les chiens aboyaient avec fureur. Aupr�s du puits se tenaient des jeunes filles avec de longues tresses et les pieds nus, qui remplissaient leurs seaux de bois. Il faisait maintenant tout ˆ fait sombre. ZŽsim se pencha hors de la voiture pour dŽcouvrir la maison paternelle. Elle Žtait lˆ; lˆ s'Žtendait son toit entre les hauts peupliers, et ˆ l'une des petites fen�tres brillait une lumi�re. Le jeune officier sentit un attendrissement de bonheur dans son ‰me. DŽjˆ le vieux chien de chasse aveugle de son dŽfunt p�re le saluait avec un gŽmissement de joie. La porte s'ouvrit; la cal�che entra dans la cour; il Žtait dans ses foyers. Sa bonne et douce m�re descendit les marches du perron. Il se jeta dans ses bras; elle le regarda, le toucha pour s'assurer que c'Žtait bien lui, le cher enfant, le fils dont elle avait si longtemps privŽe. Puis elle tra�a le signe de la croix sur son front et lui donna un baiser.
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