L’empire en marche. Des peuples sans qualités, de Vienne à Ottawa
Si la mondialisation semble affaiblir la nation, on perd toutefois de vue son concurrent, l’empire, qui, surgissant des époques anciennes, se renouvelle dans la modernité. Loin de se résumer à une seule grande puissance – les États-Unis –, il est multiple et diversement peuplé : l’Union européenne, le Royaume-Uni et même... la Suisse. Or, en démocratie libérale, l’empire prend souvent la forme de la fédération, qu’on continue d’idéaliser sans saisir ce qu’elle a d’impérial dans sa dynamique et ses fondements. Le Canada illustre pleinement l’empire en action, lui qui prétend synthétiser un microcosme postnational où les cultures, les peuples et les croyances coexisteraient harmonieusement, grâce à un droit multiculturel et à un art particulier de gouverner. Naviguant dans l’histoire, le droit et les idées, entre l’Europe et l’Amérique, l’auteur suit les intuitions fécondes de l’écrivain Robert Musil, témoin privilégié du défunt empire austro-hongrois, où des hommes et des peuples finissaient « sans qualités ».