La sélection patrimoniale
On dit que le patrimoine est partout. Serait-ce le constat que nous ne sommes plus capables de choisir ? L’invention du patrimoine a nécessité la mise en place de systèmes, articulés autour de critères plus ou moins précis, pour juger de la qualité ou de la pertinence de « faire patrimoine » un objet plutôt qu’un autre. Se pourrait-il que le « tout patrimoine » ne soit pas lié à notre incapacité de faire un choix ? La réponse ne se trouverait-elle pas davantage au coeur de la sélection patrimoniale elle-même, dont les modalités, les critères justificatifs et les acteurs impliqués ont considérablement été transformés au cours du 20e siècle ? C’est dans cet esprit que nous avons voulu interroger, confronter et comparer, dans le temps et dans l’espace, les modalités d’opération et de sens de la sélection patrimoniale. Dix-neuf chercheurs se sont penchés, à partir de leur terrain de recherche, sur la structure, les acteurs, les pratiques et les objets en jeu. Entre propositions théoriques et considérations empiriques, les contributions rassemblées cherchent à cerner une même mécanique, inscrite au coeur de la patrimonialisation. Elles révèlent de la sorte les objectifs et les défis qui la traversent tout autant que les effets qu’elle crée sur l’échiquier culturel.