Le parent insaisissable et l'urgence d'écrire
Dans Le parent insaisissable et l'urgence d'écrire , Martine Delfos étudie la relation entre la perte prématurée d'un parent pendant la jeunesse des écrivains français et leur écriture. La perte prématurée d'un parent au cours de l'enfance ou de l'adolescence peut mener à la dépression, tout comme elle peut faire naître un grand fanatisme. Elle peut également faire éclore de grands talents littéraires. Dans sa recherche des écrivains français de 1550 à 1950, Martine Delfos à découvert que les trois quarts de ces écrivains ont subi la perte d'un père ou d'une mère pendant leur jeunesse. Pour presque les deux tiers, c'est une perte due à la mort d'un ou même des deux parents. La perte semble amener un grand fanatisme littéraire, une urgence d'écrire. Ce sujet n'a jamais été étudié chez les écrivains, ni chez les écrivains français ni non plus chez d'autres écrivains. Etant donnée l'ampleur des résultats, Martine Delfos suppose avoir à faire à un phénomène universel. C'est-à-dire qu'on peut s'attendre à un même résultat chez les écrivains néerlandais ou anglais par exemple. Ce qui frappe, c'est que cette perte survient souvent quand l'écrivain a sept ans. Cette donnée peut s'expliquer par le fait que le grand chagrin qui cherche à s'exprimer coïncide avec le moment où l'enfant fait connaissance avec un nouveau moyen d'expression: l'écriture. Pour étudier les traces d'une perte prématurée d'un parent dans l'oeuvre d'un écrivain, Martine Delfos a étudié l'oeuvre de quatre écrivains: Racine, Voltaire, Rimbaud en Zola. Il s'avère qu'il existe en effet des traces de la perte dans le sens que la représentation du parent décédé est sous-développée dans l'écriture. La perspective de la perte prématurée crée, en plus, la possibilité de jeter une toute nouvelle lumière sur deux énigmes importantes de la littérature française, c'est-à-dire le silence soudain de Racine et de Rimbaud.