Lettres à Méry Laurent
Pendant quelque quinze ans, de 1884 à sa mort, Mallarmé écrivit à Méry Laurent, une demi-mondaine qui multiplia les amours éphémères et les amitiés durables dans le monde des arts et des lettres - elle fut un des modèles favoris de Manet avant de devenir la muse du poète, et prêta, dit-on, quelques traits au portrait de Mme Swann - des billets presque quotidiens. Quelques-unes de ces lettres avaient été publiées, d'autres n'étaient connues que par des fragments, mais la plus grande partie de la correspondance conservée - soit 166 lettres - restait malheureusement interdite. Ce sont ces lettres inédites, augmentées de toutes les lettres déjà connues, qu'on trouvera dans cette édition. À travers ces lettres de l'auteur d'Hérodiade ou du Coup de dés à celle qu'il appelait son 'Petit Paon', l'on chercherait en vain des confidences trop intimes, ou des considérations théoriques sur la poésie. Le Mallarmé qui s'y révèle est le secrétaire des riens d'une dame de coeur, mais ces riens-là ont encore à voir avec la littérature, avec cet art qui est par excellence, et à tous les sens du mot, l'art des lettres.