Stèle pour un bâtard

Stèle pour un bâtard (*)

Edmonde Charles-Roux ressuscite Don Juan d'Autriche (1545-1578), le bâtard de Charles Quint, avec élégance et pénétration. Elle reconstitue l'atmosphère d'une époque où les costumes, les ambitions, les passions rutilaient plus qu'aujourd'hui. Dominant sa documentation avec maîtrise, Edmonde Charles-Roux se fait successivement historien militaire, spécialiste des armes et des costumes, maître des cérémonies, théologien, mémorialiste, romancier d'aventures et d'amour. Elle réussit particulièrement bien ses « grandes scènes » : la bataille de Lépante ; l'entrevue entre Don Juan d'Autriche et une ancienne lavandière de Ratisbonne, Barbe Plumberger, qui est sa mère : « Une femme entra, lourde, la jambe courte, le sourcil épais, outrageusement fardée... » ; l'entrée de don Juan à Grenade, « coiffé d'un toquet de velours, orné d'une longue plume d'autruche que retenait une grosse émeraude ». Edmonde Charles-Roux suit à la trace le mystère de ce bâtard qui remporta à vingt-six ans, sur les Turcs, une des plus grandes batailles de l'histoire, qui fut le premier chevalier de la chrétienté, qui faillit épouser deux reines. Elle nous donne le tableau le plus saisissant de ses derniers combats dans les Flandres, et enfin de sa mort, pendant la peste de Namur, dans un pigeonnier que l'on dut débarrasser de sa fiente et asperger de parfums.
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