La Démocratie "à la française", ou, Les femmes indésirables
"Les hommes naissent libres et égaux", déclaraient voici plus de deux cents ans les révolutionnaires français en saluant l'avènement de la République. Les hommes oui, les femmes non. Malgré une longue tradition de participation à la vie politique, malgré une présence très active sur la scène révolutionnaire, malgré, surtout, la contradiction flagrante ainsi inscrite dans l'acte de naissance de la Démocratie, les femmes se voyaient exclues de tous les droits politiques. D'où leurs protestations, et notamment la plus célèbre, celle d'Olympe de Gouges : “Une femme a le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune.” Mais en novembre 1793 elle était guillotinée, sans que la demande légitime qu'elle formulait soit accordée. Depuis lors, malgré des décennies de luttes et de revendications, la France n'est toujours pas parvenue à une réconciliation de ses principes et de ses pratiques politiques. Ce n'est qu'en 1944, avec un net retard par rapport aux autres pays occidentaux, qu'elle a accordé aux femmes le droit de vote et l'éligibilité ; et cinquante ans plus tard, elle demeure au dernier rang de la Communauté Européenne pour la féminisation de ses instances représentatives (5 %). L'"exception française", si chère à certains, est dans ce domaine aussi indéniable que peu brillante. Quelle est l'origine de cette situation? Quels sont les résistances historiques, idéologiques, structurelles, qui expliquent qu'elle perdure? Comment parvenir, demain, à un réel partage du pouvoir entre les sexes? Telles sont les questions abordées dans cet ouvrage, le premier à faire le point sur ce tabou et cette faiblesse de notre démocratie, à la lumière des recherches les plus novatrices réalisées dans de nombreuses disciplines depuis vingt ans.