LA BELLE RIVIERE Tome 2
Peu de personnes le savent. Sous Louis XIV et sous Louis XV, la plus grande partie de l’Amérique du Nord appartenait à la France. Dans ces possessions se trouvait le vaste territoire connu aujourd’hui sous la dénomination de Canada, jadis nommé : Nouvelle-France. De nos mains, cette terre si riche passa dans celles des Anglais. L’Angleterre en possède actuellement une minime partie qui constitue une de ses plus riches colonies. Que si l’on cherche une cause sérieuse à cet abandon inintel- ligent, on n’en trouve pas. Des flots de sang ont été versés. Tant d’hommes illustres s’étaient voués à la colonisation de cette succursale de la mère patrie ! On se croyait près d’arriver à un résultat glorieux et fécond. L’indifférence coupable du gouvernement, l’odieuse jonglerie des Mississipiens, le mot mi-spirituel et antipatriotique de Voltaire, mot qui fut pris à la lettre par le peuple le plus léger de la terre, anéantirent le fruit de si héroïques efforts, de si longs travaux. Ce fut une grande perte pour la France. On se représente encore maintenant le Canada comme un pays de médiocre étendue, stérile, au climat rigoureux, inclément, mortel pour les Européens.