Cultures -- contre-cultures
On aura beau multiplier les études de toutes sortes, elles manqueront toutes leur objet si elles ne tiennent pas compte de ce qui nous semble désormais évident, que le surréalisme n'est pas seulement un mouvement littéraire, artistique, philosophique, mais aussi et surtout un phénomène culturel propre à l'occident. On en connaît bien les étapes : le refus (latent) au lendemain de la première guerre mondiale de tout ce qui avait conduit au grand carnage; la découverte, grâce à Freud, de ce que Breton allait nommer 1'"automatisme psychique pur" qui devait non seulement nettoyer les écuries littéraires, mais aussi remettre la raison et la logique sur leurs pieds ; puis la réorientation, en 1930, vers la résolution et le dépassement des antinomies ; dans le même temps, l'élaboration d'un programme visant à concilier Marx et Rimbaud, à "transformer le monde" et à "changer la vie" ; enfin, dès avant la seconde guerre mondiale, la recherche d'un mythe nouveau, susceptible de galvaniser les énergies, de redonner de l'espérance en des temps gagnés par les idéologies totalitaires. Le dossier central de ce volume aborde les rapports du surréalisme avec la pensée dite "primitive ", la culture populaire, la tradition ésotérique, le chamanisme, la culture classique. On y verra comment, se dressant contre les forces contraignantes du passé, il est parvenu à tracer les lignes essentielles d'une contre-culture, à l'œuvre dans le présent.