La rue des enfants, les enfants des rues Yaoundé et Antananarivo
« On a tiré sur moi. Quand je suis tombé, ça m’a fait comme si je rêvais. Quand les gendarmes sont venus et qu’on a appelé la femme, elle a dit : "Non, ce n’est pas lui le gars qui m’a arrachée". Les gendarmes, eux, ont dit : "Bon, on va t’amener à l’hôpital et on va te couper tes pieds-là... et les mains-là." Puis une autre femme m’a dit : "Fais ta dernière prière. Si tu as tué, alors dis-le à Jésus parce que tu vas mourir." Moi, je reste comme ça. Mon cœur, mon cœur me dit que c’est vrai. Que je vais mourir... » « Je peux faire quoi maintenant ? Je ne sais rien faire. Il me faut avoir un métier. Mes amis ? Ceux que je considérais comme des amis ne sont pas venus me voir. Ils commencent à raconter au quartier que je suis mort... » Pour comprendre les itinéraires des enfants des rues, Marie Morelle les a suivis de Yaoundé à Antananarivo. Elle nous révèle ici, avec force et talent, les lignes brisées de leur vie, de l’enfance qu’on meurtrit et détruit.