Le Burkina Faso l'alternance impossible
Le 13 novembre 2005, Blaise Compaoré a été réélu président avec plus de 80 % des voix. Comment expliquer ce plébiscite paradoxal au regard de la contestation née de l'affaire Zongo et des bons résultats de l'opposition aux scrutins municipaux et législatifs de 2000 et 2002 ? L'élection présidentielle de 2005 aura été avant tout un plébiscite par défaut - défaut d électeurs et défaut d'opposition. La nouvelle décompression politique engagée par le pouvoir après l'affaire Zongo a fonctionné, et la crise ivoirienne a permis au président de jouer la carte de l'union nationale. Les divisions, soigneusement entretenues de l'opposition, l'empêchent de présenter une alternative crédible. Le régime semi-autoritaire burkinabé semble aujourd'hui stabilisé et les représentations populaires du politique sont marquées par un désinvestissement et un cynisme généralisé. Une réflexion par le bas sur les imaginaires et les représentations, mais aussi sur les engagements et les désengagements politiques des burkinabé est indispensable.