Le Papillon et la lumière
« C'est une soirée très ordinaire, dans un coin de la ville. Les papillons sont là. Ils tourbillonnent autour des lampadaires. Comme la lune est absente, les ampoules électriques s'emparent de l’idée de lumière : ils apparaissent alors mille fois plus fascinants. Les papillons s’en exaltent, s’en approchent, et en reviennent parfois. Le plus souvent, ils s’y brûlent les ailes. L’hécatombe est massive. Des centaines de dépouilles gisent au pied des pylônes. Les survivants tourbillonnent encore autour des lampadaires, mais ils ont les ailes plus ou moins estropiées. Rares sont ceux qui n’arborent pas quelque chose d’abîmé. Pour les papillons de nuit, l’aile délabrée est l’emblème du courage : le signe d’un début d’expérience du grand secret de la lumière. » Un jeune papillon se tient à l’écart des réverbères et préserve sa vie. Mais il sent bien qu’une expérience fondamentale lui échappe. Il s’en ouvre à un vieux papillon, lui aussi aux ailes intactes. Ce dernier n’en est pas forcément plus heureux et semble éluder ses questions, avant de l’entraîner dans un voyage initiatique à travers la ville, dans la nuit d’abord, puis au lever du jour vers le soleil. Ce conte philosophique, délicatement illustré par les dessins à l’encre de Chine d’Ianna Andréadis, mène le jeune papillon (et le lecteur avec lui) vers la résolution de la lancinante énigme de toute existence : quel est le sens d’une vie où l’on ne se met pas en danger ?