Les éclats de la guerre
chroniques de la peur, du journalisme et des fantômes
Les éclats de la guerre chroniques de la peur, du journalisme et des fantômes
"Cette période n'a jamais fait vraiment partie de ce que l'on appelle des souvenirs. Elle n'y appartiendra jamais je crois. C'est d'une autre nature il me semble. Ces années-là demeurent au fond de mon cerveau comme une énormité par rapport au reste. Elles écrasent tout et dominent tout. Elles boulottent tout l'air et l'espace comme un enfant handicapé avec son entourage. Je ne peux m'en défaire. Ne le souhaite pas en fin de compte. L'expérience bosniaque détermine encore ce que je suis aujourd'hui. Toutefois c'est dans la tranquillité que j'ai pu m'y pencher. Je suis né à Sarajevo, puis né une deuxième fois à Mostar, j'ai plongé à Banja Luka, Zadar, à Knin, Zvornik, à Prijedor, j'ai été blessé à Maglaj, j'ai vomi à Varès et à Sarajevo. Je sais que pour bien d'autres journalistes c'est la même chose. Nous y sommes allés volontairement mais ne savons pas réellement quand nous en sommes sortis vraiment. Y parvient-on en fait ?" Ainsi commence le récit de Philippe Simon. Aujourd'hui, c'est la guerre qui le poursuit. Dans la grande tradition de ce genre littéraire, ce texte témoigne aussi de cette nouvelle génération de reporters qui a vécu le premier conflit de l'après Guerre Froide sur le sol européen, l'un des plus cruels et des plus intranquilles du nouveau siècle.