Quitter la ville
" Cette fois, j'espère qu'on ne va pas me faire changer les noms, je ne dis rien de mal, je ne dis que la vérité, ce que je sais, ce qui est vrai. Et tellement sur tellement de gens, qui pourraient m'accuser, me porter au tribunal, à moins d'un regroupement, improbable, à moins d'une communauté, lâchons le mot, inavouable. Pas dans le sens de référence, mais le sens : vous ne devriez pas l'avouer que vous êtes une communauté de lâches. " Christine Angot, dont à l'adolescence le nom de famille brusquement changea, de Schwartz pour Angot. Elle, l'écrivain qui, à l'automne dernier, eut à vivre (ou endurer ?), en tout cas à accompagner et assumer le succès de son livre L'Inceste. Cela, elle en a pris note, au jour le jour. Une fois encore des êtres non du tout fictifs deviennent ses personnages, ou ses proies. Quitter la ville est au premier abord un récit, puis prend le rythme d'une course, d'une fuite à cheval, d'un exorcisme rageur, d'une suite et continuation, à mots continus pour ne pas flancher : vide-âme à la fois éperdu et contenu. Mathilde La Bardonnie, Libération, 15 septembre 2000.