Le portrait ovale
Le trajet de Rezvani écrivain passe par la peinture. Il s’y consacre pendant vingt ans, arrachant à chacune de ses toiles des rêves de chairs sanglantes, de meurtres colorés, d’exorcisme noir qui le laissent insatisfait juqu’au jour où il trouve dans l’écriture une délivrance. Ses pulsions créatrices se déversent dans la colère joyeuse du langage. Accompagnant ses tourments de peintre et son bonheur d’écrivain, l’amour d’une femme — Lula, sa complice, son modèle et sa première lectrice — lui permet d’équilibrer ses deux obsessions de créateur : « Et j’aimerais chuchoter à l’oreille de mon aveugle lecteur mon impuissance à la décrire, me promettant de la peindre pour lui, immobile, arrêtée, et ensuite d’après le tableau la décrire cette fois avec des mots. » Tel est le contenu d’une sorte d’essai poétique que nous livre aujourd’hui l’auteur des Années-Lumière. Il parvient à noter scrupuleusement, mais passionnément, l’évolution secouée de sa production d’homme mûr, maître de ses outils. « Le Portrait ovale » d’Edgar Poe éclaire, en l’illustrant, sa démarche, c’est-à-dire la mystérieuse et violente passation de pouvoirs d’un art à l’autre que lui ont valu des dons exceptionnels.