Alain Finkielkraut

L'immigration qui contribue et contribuera toujours davantage au peuplement du Vieux Monde renvoie les nations européennes et l'Europe elle-même à la question de leur identité. Les individus cosmopolites que nous étions spontanément font, sous le choc de l'altérité, la découverte de leur être. Découverte précieuse, découverte périlleuse : il nous faut combattre la tentation ethnocentrique de persécuter les différences et de nous ériger en modèle idéal, sans pour autant succomber à la tentation pénitentielle de nous déprendre de nous-mêmes pour expier nos fautes. La bonne conscience nous est interdite mais il y a des limites à la mauvaise conscience. Notre héritage, qui ne fait certes pas de nous des êtres supérieurs, mérite d'être préservé, entretenu et transmis aussi bien aux autochtones qu'aux nouveaux arrivants. Reste à savoir, dans un monde qui remplace l'art de lire par l'interconnexion permanente et qui proscrit l'élitisme culturel au nom de l'égalité, s'il est encore possible d'hériter et de transmettre.

L'identité malheureuse

Walter Benjamin collectionnait amoureusement les citations. Dans la magnifique étude qu'elle lui a consacrée, Hannah Arendt compare ce penseur inclassable à un pêcheur de perles qui va au fond des mers « pour en arracher le riche et l'étrange ».Subjugué par cette image, je me suis plongé dans les carnets de citations que j'accumule pieusement depuis plusieurs décennies. J'ai tiré de ce vagabondage les phrases qui me font signe, qui m'ouvrent la voie, qui désentravent mon intelligence 3e la vie et du monde.Arendt, Kundera, Levinas, mais aussi Valéry, Canetti, Tocqueville, Nietzsche, Thomas Mann, Virginia Woolf ont été quelques-uns de mes guides. Dans leur sillage, j'ai essayé de penser à nouveaux frais l'expérience de l'amour, la mort, les avatars de la civilité, le destin de l'Europe, la fragilité de l'humour, le monde comme il va et surtout comme il ne va pas.[lelivre.ch]

Pêcheur de perles

lectures

Un cœur intelligent

« Nous sommes entrés dans l’âge de l’après-littérature. Le temps où la vision littéraire du monde avait une place dans le monde semble bel et bien révolu. Non que l’inspiration se soit subitement et définitivement tarie. De vrais livres continuent d’être écrits et imprimés, mais ils n’impriment pas. Ils n’ont plus de vertu formatrice. L’éducation des âmes n’est plus de leur ressort. Ils s’adressent à des lecteurs qui, avant même d’entrer dans la vie, refusent de s’en laisser conter et regardent l’Histoire et les histoires avec la souveraine intelligence que la victoire totale sur les préjugés leur confère. Rançon de cette outrecuidance, le faux prend possession de la vie. Non seulement le présent règne sans partage mais il s’imagine autre qu’il n’est. À force de se raconter des histoires, il se perd complètement de vue. Les scénarios fantasmatiques qu’il produit en cascade lui tiennent lieu de littérature. Néoféminisme simplificateur, antiracisme délirant, oubli de la beauté par la technique triomphante comme par l’écologie officielle, déni de la contingence tout au long de la pandémie qui nous frappe : le mensonge s’installe, la laideur se répand, l’art est en train de perdre la bataille. C’est un crève-cœur. »Alain Finkielkraut

L'après littérature

The Holocaust changed what it means to be a Jew, for Jew and non-Jew alike. Much of the discussion about this new meaning is a storm of contradictions. In The Imaginary Jew, Alain Finkielkraut describes with passion and acuity his own passage through that storm. Finkielkraut decodes the shifts in anti-Semitism at the end of the Cold War, chronicles the impact of Israel’s policies on European Jews, opposes arguments both for and against cultural assimilation, reopens questions about Marx and Judaism, and marks the loss of European Jewish culture through catastrophe, ignorance, and cliché. He notes that those who identified with Israel continued the erasure of European Judaism, forgetting the pangs and glories of Yiddish culture and the legacy of the Diaspora.

The Imaginary Jew

Les années trente, dit-on, sont de retour. La droite intégriste et factieuse occupe la rue, l'ordre moral sort des catacombes, la crise économique pousse à la recherche d'un bouc émissaire et l'islamophobie prend le relais de l'antisémitisme. Cette analogie historique prétend nous éclairer : elle nous aveugle. Voulant lire ce qui arrive à la lumière de ce qui est arrivé, elle en occulte la nouveauté inquiétante. Montrer que nous vivons un tournant historique, paradoxalement masqué par la référence incessante à l'Histoire ; appréhender ce moment crucial dans ce qu'il a d'irréductible au répertoire de nos vicissitudes : tel est le pari de ce livre. Et l'enjeu est existentiel autant qu'intellectuel. Si, comme l'écrit François Mauriac, "l'épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions", il nous incombe d'être à l'heure au rendez-vous et de regarder en face le visage que nous n'attendions pas. Dans une époque qui tend à se prendre pour une autre, l'exactitude devient la tâche prioritaire de la pensée. A. F.

La seule exactitude

Élisabeth de Fontenay

En terrain miné

Robert Badinter

Jean Daniel

De Pinochet à Milosevic, en passant par Castro, qu'est-ce qui doit l'emporter : la justice ou la politique ?

La morale internationale entre la politique et le droit

Il faut du courage pour porter une kippa dans ces lieux féroces qu'on appelle cités sensibles et dans le métro parisien ; le sionisme est criminalisé par toujours plus d'intellectuels, l'enseignement de la Shoah se révèle impossible à l'instant même où il devient obligatoire, la découverte de l'Antiquité livre les Hébreux au chahut des enfants, l'injure " sale juif " a fait sa réapparition (en verlan) dans presque toutes les cours d'école. Les Juifs ont le cœur lourd et, pour la première fois depuis la guerre, ils ont peur.

Réflexions sur l'antisémitisme qui vient

Au nom de l'autre

Die Cancel Culture prägt zunehmend den Kulturbetrieb und beschränkt sich dabei längst nicht mehr auf Gegenwartskunst und Popkultur. Uminterpretierte Theaterstücke oder umgeschriebene Klassiker der Weltliteratur sind Ausdruck einer neuen Orthodoxie. Autoren, die nicht den Zeitgeist predigen, werden zu Dissidenten degradiert. Über Literatur wird nicht mehr gestritten, das Feuilleton klagt an und richtet. Alain Finkelkraut erhebt seine Stimme gegen den Einzug totalitärer Denkmuster und den moralischen Absolutismus im Kulturbetrieb. Der bekannte Philosoph bietet den selbsternannten Tugendwächtern mit sprachlicher Eleganz, Finesse und vielen Fallbeispielen die Stirn. Mit "Vom Ende der Literatur" setzt er ein bedeutsames Zeichen für die Freiheit der Kunst – ein Meisterwerk.

Die neue moralische Unordnung

Vom Ende der Literatur

Sevginin Bilgeligi

An unsettling reflection on the twentieth century in its twilight hours in which we are asked to rethink our assumptions about universalism and humanism. While many people look to humanist ideals as a deterrent to nationalist chauvinism, Finkielkraut challenges the abstract idea of universalism by describing the terrible crimes "civilized" Europe has committed in its name.

Reflections on the Twentieth Century

In the Name of Humanity

Maarten B. Buuren

Essay in het voetspoor van Levinas tegen de visie op de intermenselijke relatie als een van concurrerende vrijheden.

De wijsheid van de liefde

Alain Badiou

Everything in their respective positions divides them: Alain Badiou is the thinker of a revitalized communism and Alain Finkielkraut the mournful observer of the loss of values. The two opponents, gathered here for their first-ever debate, have irreconcilable visions. Yet neither is a stranger to controversy, and in this debate they make explicit the grounds of their personal dispute as well as addressing, in a frank and open exchange, their ideas and theories. Guided by Aude Lancelin, the two philosophers discuss subjects as diverse as national identity, Israel and Judaism, May 1968, and renewed popularity of the idea of communism. Their passionate debate is more than just the sum total of their disagreements, however, for neither of them is satisfied with the state of our society or the direction in which its political representatives persist in taking it. They agree that there needs to be change and their confrontation in this volume shows the importance of asking difficult questions, not only of each other, but also of our political systems.

A Conversation with Aude Lancelin

Confrontation

A reflection on the history of humanism and the relationship of this philosophical tradition to the rise of totalitarianism in the 20th century. There are reveiws of arguments about what makes a man human, tracing the arguments from Plato and Aristotle to Sartre and Hannah Arendt. How was it possible for a great philosophical tradition, celebrated for affirming the unity of mankind, to end up inspiring political systems of such dehumanizing proportions? The book contrast eyewitness accounts with ideological justifications of the mechanized carnage of World War I, the horrors of concentration camps (Nazi and Soviet), and the campaigns of ethnic cleansing that continue in many parts of the world. Then it reveals how inadequate our so called humanitarian responses to these atrocities have been.

El filósofo Alain Finkielkraut muestra en "La identidad desdichada" su conocido malestar con la sociedad actual, que le ha valido en los medios franceses el apodo de pensador "mécontemporain". Aborda en este libro cuestiones, sujetas a la polémica y la controversia, como la identidad nacional, la inmigración, el laicismo, los defectos de la enseñanza, las desigualdades sociales, lo políticamente correcto, el ascenso del populismo... Todo tratado con la pasión y erudición que le han caracterizado hasta ahora, que le han convertido en uno de los filósofos más populares de Europa, y que le han permitido ser elegido miembro de la Academia Francesa.

La identidad desdichada

The Wisdom of Love examines the seemingly contradictory claims of universalism and partisanship for the ethnic or racial Other. In discussions of topics ranging from the work of the Jewish philosopher Emmanuel Lävinas to the Dreyfus Affair of the 1890s to the contending positions of Right and Left in the recent culture wars in Europe and the Americas, Finkielkraut cautions against both an unreflective universalism and an equally inflexible advocacy of the Other. He argues instead that genuine respect for the Other is inseparable from calls for universal justice and equality. Rather than being opposites, otherness and universalism are, for Finkielkraut, inextricably bound to one another.

Alain Finkielkraut

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