Objets insignes, objets infâmes de la littérature
Balzac Paris est aujourd’hui le nom d’une marque de vêtements vendus en ligne, qui concurrence la ligne plus ancienne intitulée Zadig & Voltaire; on peut offrir à un écolier une trousse ou un cartable à l’effigie du Petit Prince, ou encore, à quelqu’un qu’on connaît vraiment bien, des accessoires intimes inspirés du best-seller Fifty Shades of Grey. Les objets dérivés de la littérature peuplent notre vie quotidienne; ils identifient des lieux associés à des auteurs, enchantent des gestes ordinaires en leur donnant l’épaisseur de la fiction, ouvrent des opportunités pour se rêver en personnage de roman. Comment comprendre cet univers proliférant et hétérogène, qui donne corps à la littérature? Faut-il y voir le triomphe du marché et du matérialisme, dégradant en pratique commerciale cet art immatériel qu’est la création littéraire? Ou bien plutôt une forme d’appropriation oblique, qui témoigne de la survie du livre et de l’auteur, au-delà de leurs univers d’origine? Telles sont les questions auxquelles répond cet ouvrage, à travers quinze contributions qui interrogent des cas très diversifiés de dérivation littéraire, de la statue au carnet griffé, en passant par les parcs à thèmes. Tantôt insignes, tantôt infâmes, ces objets permettent d’analyser les processus par lesquels la littérature, dans une dynamique de transformation permanente, devient une forme de vie.