Coeur de chien
Quand Mikhaïl Boulgakov publie Cœur de chien en 1925, la Russie soviétique bénéficie d'une relative liberté créatrice avant la nuit noire du stalinisme qui s'annonce. L'écrivain, bien qu'in tienne à rester en marge des courants littéraires, en profite de façon inespérée. En d'autres temps, le sujet de son roman lui aurait valu quelques années de goulag pour ne pas imaginer pire. Que l'on en juge ! Un illustre professeur, spécialisé dans le rajeunissement des êtres humains, tente une expérience sur un brave chien ramassé dans les rues de Moscou. Il lui greffe l'hypophyse d'un individu qui vient de mourir. Résultat inattendu : l'animal se métamorphose en un petit homme ivrogne, grossier et méchant. L'explication est simple : le " donneur " était un voyou alcoolique et sans scrupule. Et voilà notre professeur harcelé et poursuivi par des comités et des commissions étatiques et prolétariennes en tout genre, guidés et fanatisés par le chien devenu homme. Et pire, homme de parti ! Comme toujours chez Boulgakov, l'irrationnel, la dérision et la folie rejoignent une cauchemardesque réalité. L'écrivain demeure le plus grand et le plus lucide des chroniqueurs satiriques de cette époque totalitaire et tragique. " Il est de ceux qui entreront dans l'histoire de la littérature ", écrivait Maxime Gorki à Romain Rolland.
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Hannah Myhre@hannah_myhre