
Travail utile, fatigue inutile Traduction et préface de Thierry Gillybœuf
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L'art n'est pas mort tant que nous en éprouvons le manque.

En effet, la politique en tant que telle, autrement dit quand on ne voit pas en elle un moyen nécessaire, tout contraignant et rebutant quil soit, pour parvenir à une fin donnée, ne m'aurait jamais attiré, et après avoir pris conscience des injustices de la société comme elle est et du joug qui pèse sur les pauvres, je n'aurais amais cru qu'il soit possible d'y remédier þartiellement.

Si je suis parvenu à compléter mon instruction en termes de socialisme pratique, je le dois à certains de mes amis anarchistes, grâce auxquels jai appris, bien malgré eux, que l'anarchisme était impossible, de la même manière que j'avais appris de Mill*, bien malgré lui, que le socialisme était nécessaire.
*James Mill, économiste libéral

Personne ne perdrait son temps à fabriquer de l'oléomargarine quand personne ne serait forcé de se priver de vrai beurre.
William Morris, socialiste ET gourmet

Dans une société digne de ce nom, ces miracles d'ingéniosité serviraient pour la première fois à réduire la quantité de temps passé à des tâches rébarbatives qui, grâce aux machines, s'en trouveraient suffisamment limitées pour ne plus être un poids pour chacun.

Chacun pourrait aisément apprendre et exécuter au moins trois métiers, qui iraient de l'activité sédentaire à l'activité en plein air, et qui exigeraient une importante dépense phy- sique tout en faisant appel aux facultés intellectuelles. Rares sont ceux, par exemple, qui n'auraient pas envie de consacrer une partie de leur vie aux travaux les plus indispensables et les plus agréables : les travaux des champs.

Chacun doit travailler au mieux avec la garantie de gagner de quoi vivre et accéder à tous les avantages que la société est censée mettre à disposition de chacun de ses membres.

A nos yeux, puisque nous ne pouvons pas prédire l'avenir, ce combat avec la Nature semble pratiquement toucher à sa fin, avec une victoire quasi complète du genre humain sur elle. Si l'on regarde en arrière vers le moment où tout a commencé, on constate que la progression vers cette victoire a été beaucoup plus rapide et spectaculaire au cours des deux derniers siècles que jamais auparavant. Par conséquent, nous autres modernes devrions être infiniment mieux lotis à tous points de vue que ceux qui ont vécu avant nous. Incontestablement, nous devrions tous être riches et jouir pleinement des bienfaits issus de notre victoire sur la Nature. Mais gu'en est-il en réalité ?

Nous devons garder à l'esprit que ceux-là n'ont en général qu'un seul objectif en vue, non pas la production d'objets utiles, mais la conquête d'une position, pour eux ou pour leurs entants, qui leur permettra de ne plus jamais avoir à travailler. La seule ambition et finalité de leur existence est de la conquérir, si ce n'est pour eux, du moins pour leurs enfants, et d'atteindre ce glorieux statut de fardeau patenté de la communauté.

Quant à la classe moyenne, comprenant les commerçants, les industriels et les professions libérales, elle semble en général travailler assez dur, et par conséquent, on pourrait penser, à première vue, qu'elle aide la communauté et qu'elle ne représente pas un fardeau pour elle. Mais dans son immense majorité, bien qu'elle travaille, elle ne produit rien, et même quand elle produit vraiment, […] elle consomme beaucoup plus […] que la part qui lui revient.

Voyons alors si elle [la Nature] ne nous offre pas de compensation à cette obligation qui nous est faite de travailler, puisque dans d'autres domaines, elle prend soin de rendre les actes nécessaires à la perpétuation de la vie, tant chez l'individu que chez l'espèce, non seulement supportables, mais agréables.
Euh non ? La menstruation, l'accouchement, etc… je suspecte M. Morris d'être biaisé en tant qu'homme bourgeois