Les histoires qui nous sont racontées. De l’exclusion par les causalités narratives au transculturel dans les littératures des Amériques
Les romans, nouvelles et récits des Amériques s’ouvrent de plus en plus aux altérités et ainsi se rejoignent dans leurs dynamiques. Leur structure narrative est fondée sur le schéma de Greimas et mène à la transformation de contenus à partir de temporalités/causalités qui s’enchaînent. Les causalités justifient des exclusions comme barbarie/civilisation. Elles sont fondées, selon René Girard, sur la mimésis d’appropriation et une violence réciproque menaçant la communauté et sur la production d’un bouc émissaire conduisant à une violence unanime. Cette dernière renforce l’homogénéité du groupe qui se construit sur des paradigmes binaires vie/mort, intérieur/extérieur et richesse/pauvreté. Ils sont aussi présents dans des textes fondateurs, Bible, Popol Vuh, Torah et Livre des Mormons. Cependant, la dynamique narrative d’exclusion est récemment déjouée par des auteurs comme Simone Chaput, Yann Martel, Paul Auster, Laura Esquivel ou Leanne Betasamosake Simpson. Pour déplacer la structure narrative causale justifiant l’exclusion, les textes contemporains des Amériques (Canada, Québec, États-Unis, Mexique, Brésil, Caraïbes) utilisent des techniques et des thématiques jouant du fragment, du hasard, du non-causal, des interprétations multiples et de la réincarnation. Ils s’inscrivent dans une dynamique à la fois postcoloniale au sens de Homi Bhabha et multiculturelle au sens de Will Kymlicka. Ils ouvrent sur un transculturalisme où égalité et différence marchent de concert dans la reconnaissance des altérités, le partage des savoirs et la multiplication des images de soi allant jusqu’à l’affirmation d’une normalité queer.